frelon asiatique et élagage
janvier 13, 2021

Les entreprises d’élagage et le frelon asiatique

Par Guillaume Castagné

Le frelon asiatique, espèce invasive pour nos écosystèmes représente un danger pour l’homme et l’environnement. Ils se nourrissent de tout ce qu’ils trouvent. On dit que c’est une espèce opportuniste. En plus de son comportement glouton, il représente un danger aigu de par son caractère très protecteur envers sa colonie. Certains métiers et activités humaines sont plus exposés que d’autres aux risques liés à sa présence sur nos territoires.

C’est le cas des jardiniers, élagueurs-grimpeurs, arboristes qui peuvent se retrouver face à des situations de danger provoquées par cet insecte piqueur social mais pas très sociable.

Frelon asiatique et élagage

L’histoire du frelon asiatique en France

Arrivé tout droit de Chine en 2004 chez un exportateur français du Lot-et-Garonne situé non loin de Villeneuve-sur-Lot, le frelon asiatique Vespa velutina « nigrothorax » n’a cessé de se développer dans tout le Sud-Ouest de la France, pour aujourd’hui se retrouver présent au Portugal, en Espagne, au Royaume Uni, en Belgique, aux Pays-Bas, en Allemagne, en Italie, bref dans toutes l’Europe de l’ouest. Les premiers temps, sa présence s’est propagée par les vallées et notamment les vallées du Lot, de la Garonne, du Tarn, de l’Aveyron.

Les premières années, les pouvoirs publics ont été pris au dépourvu et leur action qui aurait dû être flash pour enrayer la prolifération naissante n’a pas eu lieu. Les colonies se sont multipliées au point qu’aujourd’hui  on ne parle plus d’éradiquer cet organisme nuisible, mais de lutter contre son développement et de s’adapter à sa présence.

Jusqu’en 2006 les pompiers avaient la compétence de la destruction des essaims de guêpes et frelons par le biais des Services Départementaux d’Incendie et de Secours. C’est de façon très naturelle qu’ils ont également pris la compétence publique d’élimination des nids quand le problème s’est présenté.

La prolifération a été assez forte les premières années dans les départements proches du Lot et Garonne, si bien que les pompiers se sont senti dépassés et n’ont plus pu répondre à cette demande pour des questions d’organisation, de sécurité et de service minimum. L’été, les interventions frelons pouvaient représenter jusqu’à 50% de leur activité. Quand la sirène retentissait à la caserne et que les bips sonnaient, les équipes étaient déjà parties « chasser le frelon ». Plus assez de personnel n’était disponible pour les vraies urgences.

Dès lors cette compétence a été cédée à des entreprises privées commandées par les acteurs privés et publics, notamment les communes.

Les entreprises de désinsectisation ont également signé des partenariats avec les SDIS :

  • Un nid était repéré. La personne appelait sa mairie.
  • La mairie contactait les pompiers, qui missionnait et payait une entreprise spécialisée (ex : ALLO FRELONS pour le Département du Lot (46) de 2008 à 2011).

Depuis, ce sont les mairies qui ont directement des contrats avec les entreprises anti-nuisibles spécialisées guêpes et frelons. Certaines communes prennent le coût de l’intervention en charge, d’autres non, d’autres en partie, d’autres seulement sur le secteur public. Une intervention est facturée entre 90 et 250€ selon la difficulté d’intervention, le matériel utilisé (nacelle élévatrice), la région et l’entreprise qui intervient.

Si vous trouvez un nid de frelons, surtout s’il est situé sur votre propriété, appelez votre mairie ou l’entreprise guêpes frelons la plus proche.

La lutte coordonnée des riverains, des collectivités, des professionnels, de la recherche, est le seul moyen de réduire drastiquement la pression du frelon asiatique sur un territoire donné.

En 2020, les entreprises du secteur de la désinsectisation ont vu la demande augmenter fortement durant tout l’été. Certains professionnels se sont vus submergés par un accroissement de plus de 40% de leur activité.

                « Quand j’ai commencé à rencontrer du frelon asiatique en 2008 je ne détruisais que quatre ou cinq nids au cours de l’été. Aujourd’hui, ils représentent 90 % de mon activité. » 

Guillaume Castagné ALLO FRELONS, Tarn et Garonne

Le piégeage quant à lui n’est que très peu efficace. Le Muséum National d’Histoires Naturelles (MNHN) ainsi que l’Institut National de la recherche Agronomique (INRA) recommandent de ne pas piéger, car les bénéfices sont inférieurs aux dommages liés à la destruction de la biodiversité. Il convient seulement de piéger les frelons asiatiques avec des pièges sélectifs autour des ruchers pour limiter leur prolifération et la pression à la fois de prédation et de stress pour les colonies d’abeilles.

Les dangers du frelon asiatique

                Les dangers de la piqûre

Nous le savons tous, se faire piquer par des frelons peut s’avérer extrêmement dangereux. On entend souvent dire : « 10 piqûres suffisent à tuer un cheval ». D’autres personnes racontent qu’ils se sont fait piquer plus de 20 fois simultanément et qu’ils s’en sont très bien sortis. Alors est-ce vraiment dangereux de se faire piquer  par des frelons asiatiques ?

La réponse est : « ça dépend ».

Ça dépend tout d’abord de l’intensité de l’attaque. Si un seul frelon vous pique et que vous avez le temps de le chasser très vite avant qu’il ait le temps de déverser tout son venin, ce ne sera pas trop grave dans la plupart des cas. Si vous vous faites piquer un grand nombre de fois ou que vous êtes dans une position où vous ne pouvez pas fuir (en équilibre sur une échelle, un toit, en hauteur dans un arbre ou au fond d’un comble, entre les fermettes qui réduisent l’accès), l’attaque peut s’avérer beaucoup plus dangereuse, voire mortelle. Sans compter le risque de chute…

Ce qui dépend surtout, en plus de l’attaque elle-même, c’est le caractère allergique de la personne attaquée. Pour certains, l’endroit piqué va simplement rougir et gonfler un peu à postériori. Pour d’autres très allergiques, cela entraînera une réaction très grave appelée œdème de Quincke ou choc anaphylactique. Le corps va se mettre à gonfler de partout, obstruant très rapidement les voies respiratoires. Cela peut provoquer un arrêt cardio-respiratoire. Si la personne n’est pas ranimée rapidement, cet accident pourra provoquer des séquelles irréversibles ou la mort dans les quelques minutes, le cerveau n’étant plus irrigué de sang et donc d’oxygène.

                Les essaims de frelons les plus dangereux

Les essaims de frelons asiatiques qui représentent le plus de danger sont souvent ceux qui sont les plus mal placés : proche des activités humaines.

Ce sont des nids construits dans des ronciers ou des haies à hauteur d’homme. Ceux construits dans des dépendances ou des abris de jardins et locaux techniques de piscines peuvent également surprendre les personnes. On ouvre une porte pour aller chercher la tondeuse, et les frelons nous repèrent avant qu’on les ait vus.

Un nid se situant dans un endroit difficile d’accès est également très dangereux, surtout si la personne décide de le détruire par ses propres moyens. Combien d’accident chaque année chez des individus protégés simplement par un gros blouson et un casque de moto, désireux d’éradiquer un essaim construit en hauteur ou dans un grenier par exemple ? Cela vaut-il le coup de risquer de perdre la vie pour économiser une centaine d’Euro.

                Les dangers pour les jardiniers et les élagueurs

Les nids de frelons asiatiques peuvent être très dangereux car cet insecte piqueur assez discret peut devenir très agressif s’il se sent menacé. Il n’aime pas du tout les vibrations ni qu’on s’approche trop près de son nid. Son instinct de survie le pousse à attaquer tout individu qui viendra troubler sa tranquillité.

Pour un jardinier ou l’employé d’une entreprise d’espaces verts, le piège classique est celui du nid construit à hauteur d’homme dans une haie de thuyas ou de lauriers. Sitôt le taille-haie allumé à proximité, ce sont jusqu’à 50 frelons qui peuvent sortir pour protéger leur colonie. Quand un vous pique, les autres, alertés par l’odeur du venin, vous suivront sur plus de 30 mètres pour faire de même. Et soyez-en sûr : ils volent plus vite que vous ne courrez.

Pour un élagueur, le piège sera de grimper dans un arbre où se trouve un essaim habité. Les mois d’été le feuillage empêche de voir correctement l’intérieur du houppier en totalité. De plus les nids ne sont pas encore très gros. Au mois de juillet, un nid moyen oscille entre 15 et 25 centimètres de diamètre, avec à l’intérieur entre 250 et 400 frelons adultes. Assez pour devoir redescendre très rapidement de l’arbre. Et imaginez qu’à ce moment-là la corde de rappel se coince dans une branche coupée au sol, une souche ou directement dans l’arbre. Pas le temps de tergiverser. Il faudra peut-être sauter !!!

Les élagueurs s’adaptent

Pour éviter la mauvaise surprise de se retrouver nez-à nez avec de tels spécimen, assurez-vous de bien visualiser tout le houppier avant de grimper à l’arbre. Pour les tailles de haies, il est parfois recommandé de passer en courant  avec un long bâton ou le manche d’un râteau, en secouant la haie. Si une activité anormale se déclenche à ce moment-là, ne vous approchez surtout pas. L’alerte « danger » est maximale pour la colonie, qui n’hésitera pas à envoyer ses meilleurs soldats.

La destruction des nids devient une activité secondaire pour les arboristes

La destruction des nids de guêpes et frelons est une activité extrêmement saisonnière. L’été est souvent une période très calme dans le calendrier des entrepreneurs, entre deux périodes fortes d’élagage. Faire de la destruction des nids une activité secondaire est pour certains une bonne idée. Cela permet de lisser l’activité sur toute l’année. Il faut néanmoins être extrêmement disponible, et n’avoir aucune autre activité à cette saison-là. Les demandes sont souvent effectuées en urgence, et le client n’attend pas.

De plus, cette activité ne demande pas de gros investissements de départ, si ce n’est une bonne combinaison de protection anti-piqûres, une échelle, des cannes, des produits de traitement biocide, des appareils d’application, et surtout un véhicule qui tient la route. Or, tout ce matériel, l’élagueur le possède déjà ou presque.

Évolutions probables de l’invasion du frelon asiatique

Nous commençons à remarquer au jour le jour les effets du réchauffement climatique. Les étés sont souvent plus chauds et de plus en plus précoces. Les hivers doux et beaucoup plus tardifs permettent au Vespa velutina de produire des nids plus gros, avec d’avantage de femelles fondatrices.

Ces femelles survivront en plus grand nombre aux hivers de moins en moins rigoureux.

Le printemps arrivant plus tôt, les frelons installent bien plus vite leur nid dans des endroits qui deviennent également plus favorables car moins orientés au froid. L’invasion de cet insecte se fait également d’avantage dans des territoires de montagne et d’altitude, puisqu’il y fait moins froid.

Bref, on a fort à parier que les frelons asiatiques ont encore de beaux jours devant eux en France et dans l’Europe entière.

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Voilà 17 ans qu’il est installé sur nos territoires. Le frelon asiatique est arrivé sur le département du Var en 2013. Depuis, la demande de destruction des nids ne connaît pas de répit, surtout pendant les mois de Juillet à Octobre. Quand les feuilles tombent à l’automne, les femelles fécondées commencent à quitter le nid, et à partir de mi-décembre la plupart du temps, il n’est plus utile d’intervenir sur ces colonies.

Dans le département des Landes, il a été observé des nids, les hivers les plus doux, où les femelles fondatrices restaient jusqu’au printemps, avant de refaire un nouveau essaim. On a même déjà vu des fondatrices reconstruire un nouveau nid à l’intérieur de l’ancien, ce qu’elles ne faisaient pas jusqu’à là. Le frelon asiatique s’adapte à son environnement.

Espérons que l’humain puisse également s’adapter au mieux à sa présence. Espérons surtout que l’abeille domestique développe des moyens de survie face à ce prédateur hors-pair.