Pourquoi les apiculteurs utilisent-ils un enfumoir ?
L’image populaire de l’apiculteur est attachée à sa combinaison blanche, à son voile de protection et à son enfumoir. Cette panoplie se retrouve partout où l’apiculture est pratiquée. Et ce n’est pas un hasard ou une fantaisie.
Comme le port d’une combinaison et d’un voile, l’utilisation de l’enfumoir répond aux besoins de travailler en sécurité. Car les abeilles sont des insectes qui piquent immanquablement, celui qui vient mettre la main sur un butin si chèrement constitué, leur miel.
Les abeilles et la fumée
Les abeilles sont des hyménoptères sociaux qui fondent des colonies de plusieurs milliers d’individus. Les essaims choisissent la plupart du temps le creux d’un arbre pour s’y installer. Durant des milliers d’années, les abeilles ont évolué dans un environnement périodiquement soumis à des incendies de forêt. Ainsi elles réagissent de façon innée à la fumée. Car il n’y a pas de fumée sans feu.
Exposées à la fumée, les abeilles auront pour premier réflexe de se diriger vers les rayons de cire où leurs réserves sont stockées. Elles y prendront le maximum de miel pour remplir leur jabot, en prévision d’une évacuation en urgence. Les abeilles prendront la fuite lorsque le feu sera aux portes de leur nid. Mais elles attendent le dernier moment, car il n’est pas possible d’abandonner leur nid pour une fausse alerte. Bref, tant que la fumée reste froide le feu est encore assez éloigné.
Comme le savent les entomologistes et autres passionnés d’insectes, la communication des abeilles se fait en grande partie par la diffusion de molécules odorantes, que l’on nomme des phéromones. Lorsque des abeilles se sentent menacées, elles produisent ces substances pour alerter leurs congénères et préparer une riposte. La fumée vient perturber cette communication chimique et ainsi limiter la mobilisation des abeilles gardiennes. L’intrus qui vient visiter leur nid est alors peu ou pas piqué. Mais sans fumée, il serait harponné par des milliers de dards.
Les êtres humains ont très tôt remarqué le pouvoir de la fumée sur les colonies d’abeilles sauvages. Bien avant l’invention de l’apiculture, les hommes pratiquaient la cueillette du miel. Celle-ci consistait à piller et souvent à détruire un nid, pour en extraire les rayons chargés de miel. Rappelons que pendant très longtemps, le miel était l’un des rares aliments sucrés disponible tout au long de l’année. Alors que les fruits étaient beaucoup plus rares.
Le cueilleur de miel et l’apiculteur utilisent la fumée non pas pour apaiser leurs abeilles, mais bien pour détourner leur attention et brouiller leur système de communication. Et l’enfumoir est donc l’un des instruments les plus importants en apiculture. L’apiculteur doit toujours garder à sa portée, un enfumoir correctement allumé. Car même des abeilles connues pour être douces peuvent dans certaines circonstances se montrer particulièrement défensives.
Comment fonctionne l’enfumoir ?
L’enfumoir est un outil dont le principe est de :
- permettre d’entretenir la combustion de matière
- diffuser la fumée dans une direction souhaitée.
On remarque que les enfumoirs possèdent tous une cuve métallique, dans laquelle l’apiculteur place du combustible. Celui-ci sera à l’origine du dégagement de la fumée. La fumée est orientée dans une direction donnée, par un bec lui aussi métallique. Enfin, le soufflet permet d’insuffler de l’air dans la cuve et d’attiser la combustion et par conséquent le dégagement de fumée.
La plupart des enfumoirs sont fabriqués sur le même principe et se ressemblent beaucoup. Le choix de l’apiculteur va s’orienter sur la qualité des matériaux utilisés pour la fabrication de l’outil. Mais aussi sur le volume de sa cuve. Les apiculteurs professionnels auront besoin d’un enfumoir avec une cuve plus volumineuse, pour y stocker davantage de matière combustible et être ainsi plus longtemps autonomes. En apiculture de loisir des modèles à petites cuves suffisent pour visiter un rucher de quelques ruches.
Comment bien utiliser son enfumoir ?
Quel type de combustible ?
Le choix du combustible est important pour la qualité de la fumée. Mais aussi pour le confort de l’apiculteur. Enfin, certaines plantes auraient des vertus pour apaiser les abeilles : lavandes, romarin, eucalyptus, aiguilles de pin,…
Le combustible le plus souvent utilisé est le foin. Celui-ci permet d’obtenir une fumée dense. Il est aussi facile de s’en procurer et d’en constituer une réserve suffisante pour tout une saison. Mais il est aussi possible d’employer des matières très diverses. Et même du tissu ou du carton, si ceci ne contiennent pas des substances toxiques.
Comment bien allumer son enfumoir ?
L’allumage de l’enfumoir doit être totalement maîtrisé par l’apiculteur. Il passe bien entendu par le choix du combustible. Mais aussi de la manière dont on initie la combustion. Pour ne pas perdre de temps et ne pas risquer de se brûler, il faut placer une poignée de combustible dans la cuve sans la tasser. Puis on l’enflamme à l’abri du vent. Pour éviter les départs d’incendie de forêt, on allumera l’enfumoir sur un lieu dégagé et à proximité d’une source d’eau.
On enflamme le combustible à l’aide d’une allumette ou d’un briquet. On penchera la cuve pour mettre plus facilement en contact la flamme et la matière combustible. On actionne ensuite le soufflet lentement pour attiser les flammes. On replace l’enfumoir à la verticale et on continue d’actionner le soufflet. Des flammes peuvent monter, il ne faut pas se placer au-dessus.
On ajoute ensuite du combustible par dessus le mélange en combustion. Petit à petit et tout en actionnant le soufflet, on va remplir la cuve de combustible. Puis tasser suffisamment le contenu afin de disposer de suffisamment d’autonomie. Car il ne faut pas manquer de fumée durant la visite de son rucher.
Comment bien enfumer les abeilles ?
Le soufflet permet d’entretenir la combustion, mais surtout de dégager une quantité souhaitée de fumée vers l’entrée de la ruche ou les cadres. Bien souvent les débutants sollicitent trop l’enfumoir et enfument trop leurs ruches. Dans les cas extrêmes, une fumée trop abondante peut faire fuir l’essaim. Et la ruche se trouvera alors désertée. Plus souvent, la fumée en excès vient se déposer en un dépôt de suie sur la surface des rayons. Le miel peut alors en prendre une odeur peu agréable.
La fumée – avant d’être soufflée sur les abeilles – doit avoir une température basse. Si elle est trop chaude elle va affoler les abeilles, les poussant à fuir la ruche ou à l’attaquer l’apiculteur. Pour la refroidir, on placera au-dessus du combustible une boule d’herbes fraîches. Ce filtre permettra de refroidir la fumée. On vérifie ensuite la température de la fumée en la passant sur son poignet. Si elle est trop chaude pour vous, elle le sera aussi pour vos abeilles. Une fumée trop chaude à une couleur bleutée. Lorsqu’elle est à bonne température, elle sera parfaitement blanche.
Quels sont les dangers de l’enfumoir ?
L’enfumoir est un outil qui lorsqu’il est mal employé peut causer des dégâts sur les biens et blesser ou nuire à la santé des personnes.
Un enfumoir qui se renverse et dont le contenu incandescent se retrouve en contact avec des végétaux secs peut provoquer un incendie. Ce risque est particulièrement important en région méditerranéenne, où plusieurs mois de sécheresse rendent le maquis et les forêts particulièrement inflammables.
Durant la combustion, la cuve et le bec métallique de l’enfumoir peuvent devenir très chauds. Il ne faut pas poser l’enfumoir sur des supports qui peuvent fondre ou brûler à son contact. C’est le cas des éléments en plastiques ou en bois qui composent certaines ruches et leurs équipements.
Le risque de brûlure est important. Même si la cuve est protégée par une grille afin d’éviter les contacts directs. Un enfumoir ne doit pas être confié à une personne qui en ignore les dangers.
La fumée présente aussi un risque pour l’apiculteur et les personnes qui se trouvent autour de lui. Les volutes ne doivent pas être dirigées vers soi ou vers autrui. On prendra compte de la direction du vent afin de correctement se positionner et ne pas s’exposer à la fumée.
Des apiculteurs professionnels peuvent développer après plusieurs années des maladies respiratoires, similaires aux maux qui touchent les fumeurs. Il faut donc prendre ce danger avec sérieux et ne pas inhaler la fumée.
Pourquoi faut-il se former avant de pratiquer l’apiculture ?
L’apiculture est une activité qui se pratique aussi bien comme un loisir, que comme une source de revenu. Mais que l’on soit amateur ou professionnel, il est fondamental de se former avant de créer un rucher et de manipuler des colonies d’abeilles.
Tous les savoirs et toutes les techniques indispensables sont enseignées au sein des ruchers écoles. Ces lieux sont souvent animés par des associations qui y proposent des stages tout au long de l’année ou sur quelques jours sous forme de cours intensifs.
Il est probable qu’un rucher école existe à proximité de chez vous. Pour vous en assurer, consultez la liste des ruchers écoles où des formations pratiques en apiculture sont dispensées. (https://apiculture.idlwt.com/formations-apiculture-en-france-belgique-suisse-canada/)
Les ruchers écoles sont aussi des lieux de rencontre entre apiculteurs. En adhérant à l’un d’eux, vous pourrez constituer votre réseau de confrères, sur la base des affinités communes et sur le style d’apiculture que vous souhaitez pratiquer.
Si vous souhaitez devenir apiculteur professionnel, le passage par un rucher école vous permettra de confirmer ce choix d’orientation professionnelle. Mais vous devrez probablement poursuivre par un parcours certifiant dans un CFPPA. Vous trouverez aussi la liste des centres de formations professionnelles en suivant le lien https précédent.
Nous espérons que la lecture de cet article vous aura apporté des renseignements et des conseils utiles sur l’utilisation de l’enfumoir. Nous vous souhaitons une bonne continuation dans le monde de l’apiculture.
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